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13 avril 2018 5 13 /04 /avril /2018 21:05
Intéressante exposition : artistes et robots

La commissaire de l'exposition Laurence Bertrand Dorléac explique que l'idée de robot ou plutôt de "créature artificielle" remonte au V° siècle BCE quand dans les Psaumes de David dans la Bible  David évoque la "créature" et remercie Dieu de l'avoir tissé. Depuis l'idée de l'art et la matière n'aurait jamais cessé.

Extrait du Psaume 139 "Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse. Tes œuvres sont admirables, mon corps n'était point caché devant toi lorsque j'ai été fait dans un lieu secret. Tissé dans les profondeurs de la Terre quand j'étais une masse informe tes yeux me voyaient et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m'étaient destinés avant qu'aucun d'eux n'existât.

Plus tard au XVI un être artificiel, le Golem, est créé pour protéger les juifs du ghetto de Varsovie persécutés au motif de crime rituel. C'est la bonne créature.

A partir du XVII il y a des bons et mauvais golems. La créature échappe à son créateur.

Les fictions n'ont jamais cessé de créer des créatures.

Jérôme Neutres évoque Kubrik dans 2001 l'Odyssée de l'Espace, l'ordinateur IBM (sponsor de l'exposition) al 9000 qui prend le pouvoir, commente les dessins que montre l'astronaute sans rien y comprendre. 

L'exposition part de 1956 à 2018 de Nicolas Chöffer à Tinguely.

Coïncidence extraordinaire, à Prague, à nouveau même ville où le golem est né, le mot "robot" est créé en 1920 dans une pièce de théâtre de science fiction de l'écrivain tchèque Karel Capek. Les hommes ne savent que parler et à la fin l'architecte confie le pouvoir aux robots. La pièce parcourt le monde, New York, Paris où Antonin Arthaud jour la pièce alors qu'il n'y a pas plus charnel.

Autre coïncidence extraordinaire le chien qui découvre la grotte de Lascaux 20 ans plus tard en 1940 s'appelle "robot" qui poursuit le lapin de Lewis Caroll. Il nous ramène il y a 24000 ans et nous ramène à demain.

Depuis les grottes préhistoriques les êtres jouent avec leur milieu technique. Nous expliquons dans l'exposition que les artistes ¨posent exactement les mêmes question mais avec les outils de leur temps.

C'est une exposition d'art visuel avant tout mais qui s'étend à toutes sortes de supports, ce n'est pas une école mais de nouveaux possibles d'expression que tous les créateurs investissent. Peinture, vidéo, photo, sculpture, mais aussi architecture avec le logiciel génératif pour la coupole du Louvre Abu Dhabi, La forêt de colonne de Michael Hans Meyer. Le cinéma avec l'extrait de la première fiction dont l'héroïne est un androïde Sayonara créé en 2015 au Japon. La musique, Xénakis le premier à composer à partir de formules mathématiques et Jack Hobo, Shi Ming Li. Cela irrigue tous les arts en ouvrant des possibles d'expérimentation. L'exposition pourrait s'appeler la recherche en tête nom que Miguel Chevalier a donné à une de ses expositions. 

En plein mouvement Romantique en 1818, à la demande d'Oscar Wilde, Marie Shelley créé Frankenstein ou le rêve de Prométhée. C'est passionnant car à l'époque Oscar Wilde défendait le luddistes ce mouvement ouvrier qui détruisait les machines à tisser qui ont fait la fortune de la Révolution Industrielle. Le mouvement romantique du début du 19° accouche en même temps de cette créature artificielle et de la contestation du monde des machines.

Rappelez-vous dans Frankenstein, cette énorme créature difforme qui faisait peur à tout le monde apprenait par les formes, à parler, à aimer, la beauté du monde et à souffrir elle apprend à lire les souffrances du jeune Velter, Emile Ton et des Romantiques. Un jour la créature échappe à Frankenstein son créateur car il refuse de lui créer un double féminin. Elle finit par haïr le monde et persécuter tous ceux qu'elle rencontrait.

L'idée était d'essaimer tout au long de l'exposition au long d'un parcours thématique et historique. C'est l'histoire de notre modernité. Il est paradoxal de parler de technologie adaptée à tous les domaines et oublier Manfred Morh le pionnier de l'art informatique à partir des années 1960, présenté en 1970 au musée art moderne Paris et 1980 au centre Pompidou, que tout le monde a oublié. On Vera Molnar qui présente le rouleau, première forme d'art. Nous voulions les présenter dans un lieu commun pour raconter une histoire commune.

En 1886 l'Eve future d'Auguste de Villiers de L'Ilsle-Adam arrive après l'automate d'Hoffman en 1881. Un amoureux trouve sa dulcinée bête, un savant lui propose de créer la même mais en mieux. 

Vient ensuite en 1956 Nicolas Chöffer avec un programme qui lui permet de créer une oeuvre première sculpture cybernétique et spacio dynamique "Cysd" qui entre au musée d'Art Moderne de Paris en 1959. Cybernétique, mot datant de 1947, veut dire sculpture avec cerveau électronique, cela vient du grec qui est l'idée de pilotage, automatique. Elle a des capteurs et réagit au son à la lumière ambiante. Elle mesure 3 m de haut elle danse, virevolte au gré des tapements de mains. Maurice Béjart fait porter le robot sur le toit de la cité radieuse à Marseille et danse avec le robot électronique. Chöffer veut montrer que l'artiste créé des systèmes qui créé eux mêmes des formes mouvements, l'oeuvre en elle-même est un processus jamais figé, parfois elle s'arrête. C'est une époque très optimiste, le président Pompidou étant le premier à honorer ces moments, Chöffer était dans la version ludique de l'art total à l'inverse de Tinguely.

L'exposition finit par une oeuvre cyber punk de Orlan qui est sarcastique mais fait réfléchir. D'un côté il y a Tinguely et Paik de l'autre. Tinguely en bon Suisse déteste la technique un an après sa métamétique que nous présentons, fait exploser sa machine auto-explosante, ce que nous ne pourrions plus refaire à cause de la sécurité. A peu près à la même époque, en 1959 Jean Jacques Lebel fait un happening à Venise avec les sculptures de Tinguely. Paik veut assez de technique pour haïr la technique détourne la technique pour dire ce qu'il veut de manière poétique, c'est assez politique D'ailleurs nous avons dans l'exposition le film que nous a prêté le musée de Séoul Nam June Paik montrant la destruction du robot K456 orchestré par Paik lui même qu'il intitule en 1964 du concerto de Mozart, il parle, bouge, danse, téléguidé, défèque les haricots.En 1982 à sa rétrospective à New York il prend le robot et lui fait traverser Madisson avenue. Le robot meurt et Paik dit vous voyez vous avez peur des robots qui vont prendre le travail des hommes mais il a besoin de 4 personnes pour traverser la rue.

Ces artistes ne renvoient pas tous à des systèmes, certains oui d'autres non, c'est plutôt du bidouillage, on le voit en faisant les installations. 

L'exposition est un peu l'odyssée d'une technologie, il y a des calculs des logiciels et algorithmes sophistiqués. Ikéda musicien minimaliste, fait une sorte de pièce immersive, il part des codes informatiques, il y a une sorte de pluie, constellations, des points qu'il trace. Comme un point correspond à des fréquences, c'est une expérience à la fois physique et esthétique. Il sera à Pompidou à partir de cet été. Riyoji Ikéda serait le Monnet d'aujourd'hui. Duchamp l'a dit c'est le regardeur qui fait l'oeuvre. Je verrais plutôt Miguel Chevalier passionné de jardin car à la fois il veut mélanger regardeur et regardés. Monnet veut nous immerger dans son paradis artificiel, les nimphéas de son jardin de Giverny. A l'époque il a fait avec ses moyens. Il a mis plus bas les oeuvres et les installe dans des salles ovales. Aujourd'hui Miguel Chevalier nous montre le temps qui passe, c'est pour cela que les impressionnistes aimaient les japonais qui montrent le temps qui passe. Monnet utilise des sortes d'algorithmes il ne sait pas comment cela finira dans l'oeil du regardeur.

L'exposition est divisée en trois parties : La machine à créer, l'oeuvre programmée et le robot s'émancipe 

Iannis Xénakis dit dans la France dans 20 ans en 1966 la possibilité de créer entre les mains de tous avec des branches mathématico musicales. C'est pour cela que Nicolas Chöffer parlait de système. A la fin des années 80 Miguel Chevalier dit qu'il veut faire de la peinture avec un ordinateur.

L'exposition a cela de particulier que tous ces robots sont en marche, ce que l'on voit c'est un grand atelier, on a le brouhaha, on entend gratter, la peinture gicler, la sculpture, la spécificité de ces œuvres est qu'elle sont en train de se faire. C'est le processus de création. Le travail ne sera plus de créer une oeuvre mais la création pour montrer le mécanisme de la créativité, c'est cela qui fait oeuvre.

Ray Kurzweil chercheur trans humaniste travaille à ressusciter son père mais nous ne sommes pas dans cette démarche dans l'exposition.  

Dans les deux dernières parties de l'exposition les robots ne se voient plus ils sont partie intégrante de l'oeuvre. Nous avons choisi une dimension critique en montrant des artistes qui remettent en cause notre monde de plus en plus digitalisé ou virtuel. Ce ne sont pas des ingénieurs qui font de l'art mais des grands artistes qui bien sûr ont parfois besoin des ingénieurs et utilisent de nouvelles technologies pour créer des œuvres visuelles. Il y a 4 artistes vivant mais 39 vivants on peut les rencontrer, échanger. C'est tout sauf des ingénieurs, des poètes avec la recherche en tête. Je vous invite à venir voir les dessins de Patrick Tresset, lui même étonné par ses dessins qui ne sont jamais les mêmes d'une nature morte, "le corbeau et le renard", un système qui dysfonctionne, une vanité dans la plus grande tradition classique.

Ce grand atelier des robots est comme le miroir du mystère de la création.

Retranscription résumée de la conversation entre Jean de Loisy, Laurence Bertrand Dorléac et Jérôme Neutres plus de détail en visitant la page de l'émission.

Patricia Régnier.

 

 

 

 

Je m'aperçois que la République tchèque représente les intêrets américains en Syrie, peut-être une lecture de la continuation de l'histoire des golems bons ou mauvais et des robots tous deux nés en Tchécoslovaquie. voir le site de l'ambassade des USA en Syrie

Patricia Régnier, mise à jour le 18.04.2018

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  • : climat-soleil évolution
  • : Le climat, enjeu mondial majeur, de lui dépendent les conditions de notre environnement. Les gaz à effet de serre sont le produit de l'activité humaine et de celle produite naturellement via l'activité solaire Plusieurs éléments convergent pour pousser les études sur ces interactions qu'un physicien retraité jugeait essentielles (il avait le diagnostic mais pas la méthode). C'était aussi le cas d'un chercheur bordelais du 20° siècle. Vous découvrirez leur nom au travers les liens et articles du blog. Le Nouveau Colosse Pas comme ce géant d’airain de la renommée grecque Dont le talon conquérant enjambait les mers Ici, aux portes du soleil couchant, battues par les flots se tiendra Une femme puissante avec une torche, dont la flamme Est l’éclair emprisonné, et son nom est Mère des Exilés. Son flambeau Rougeoie la bienvenue au monde entier ; son doux regard couvre Le port relié par des ponts suspendus qui encadre les cités jumelles. "Garde, Vieux Monde, tes fastes d’un autre âge !" proclame-t-elle De ses lèvres closes. "Donne-moi tes pauvres, tes exténués, Tes masses innombrables aspirant à vivre libres, Le rebus de tes rivages surpeuplés, Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête me les rapporte Je dresse ma lumière au-dessus de la porte d’or !" 'Le Nouveau Colosse' de Emma Lazarus (1849-1887) poétesse pour la donation à la statue de la Liberté érigée à New York.
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